Les huîtres de Chausey élevées par l’entreprise de conchyliculture blainvillaise Lenoir Thomas ont la particularité d’être certifiées bio. Interpellés par cette appellation, nous nous sommes tournés vers Alban Lenoir. Le fils de Richard Lenoir, co-fondateur de l’entreprise née en 1989, nous a fait visiter l’été dernier l’élevage d’huîtres, moules, palourdes et coques qu’il a développé sur les parcs de l’archipel de Chausey.

Reportage entreprise Lenoir Thomas©Benoit Croisy - coll Ville de Granville

Pour accéder aux parcs, les conchyliculteurs troquent « La Grande Ancre » contre des barges.

Reportage entreprise Lenoir Thomas©Benoit Croisy - coll Ville de Granville-73

Les poches ostréicoles se découvrent à mesure que la marée baisse.

Reportage entreprise Lenoir Thomas©Benoit Croisy - coll Ville de Granville

Les huîtres sont cueillies à partir de septembre.

« Mon but, en lançant l’exploitation à Chausey en 2012, était de valoriser les huîtres », raconte Alban Lenoir, sur le pont de « La Grande Ancre », à mi-chemin entre le continent et l’archipel.

L’association de « bio » et « Chausey » est essentielle pour l’entrepreneur. « Cela participe à l’image de l’archipel qui est préservé. »

L’origine naturelle des naissains* achetés par Lenoir Thomas, la qualité de l’eau de Chausey – elle est classée A tandis que celle de la côte est classée B – et la traçabilité des coquillages de Chausey, dont fait partie l’huître, sont autant de facteurs qui ont permis à l’élevage chausiais d’obtenir la certification bio.

« Les coquillages sont exemptés des pollutions souvent liées aux mauvais traitements des eaux usées », explique le conchyliculteur.

Des contraintes naturelles

Avoir un élevage conchylicole dans un archipel présente plusieurs contraintes. Le travail des « agriculteurs de la mer » est soumis aux vents et marées. Chaque minute est comptée. Les conchyliculteurs n’attendent pas que toutes les îles de l’archipel se découvrent pour rejoindre les parcs : ils troquent leur bateau pour de plus petites barges.

Tandis qu’une partie de l’équipage va « aux moules » et l’autre « aux huîtres », Alban Lenoir nous fait visiter les différents parcs. Au gré de notre discussion, les 8 000 pieux de moules et les 15 000 poches ostréicoles se dévoilent.

Sous un soleil de plomb, les conchyliculteurs manipulent les poches ostréicoles pour décoller les huîtres les unes des autres.

« Il faut minimum 3 ans, et plus d’une trentaine de manipulations, avant qu’une huître puisse être commercialisée », explique Alban Lenoir.

De l’éleveur au consommateur

« Produire, c’est bien, mais après il faut vendre », explique celui qui a rejoint l’entreprise en 2005. « 90 % de la production d’huîtres, palourdes et coques est vendue en direct. » L’entreprise revend ses moules à des grossistes. « Il nous faudrait avoir une machine de triage – très onéreuse – pour pouvoir vendre nos moules en direct. »

La mer remontant à vue d’œil, il est temps pour nous de quitter le quartier insulaire de Granville. Avant de nous séparer, nous dégustons quelques coquillages. Un seul mot nous vient à la bouche : Dé-li-ci-eux !

*On appelle naissain les juvéniles de différents mollusques, notamment d’espèces faisant l’objet de cultures marines comme les huîtres ou les moules.