L’histoire

Printemps 44, îles Chausey. Suzanne profite des grandes marées pour pêcher à pied. Ses marches contemplatives constituent ses instants d’évasion dans une existence morne marquée par des rapports distants avec son mari Pierre.

Lui, de son côté, s’oublie à bord de son bateau et dans le café de l’île avec l’alcool pour échappatoire.

Un jour de pêche, il trouve un soldat américain gisant sur la grève et décide, contre l’avis de certains îliens, de le cacher aux Allemands.

Le convalescent se lie avec Pierre et Suzanne soulagés de voir ainsi rompue la monotonie de leur vie. À l’approche du navire de ravitaillement allemand, ce nouvel équilibre perd de sa légèreté et la tension monte…

Prix

La bande dessinée Bleu Amer a valu à ses auteurs de recevoir le Prix Jeunes talents du festival de la BD Abracadabulles d’Olonne-sur-Mer (Vendée).

Pratique

Rencontre avec Sylvère Denné et Sophie Ladame samedi 15 juin 2019, à 15h, dans l’auditorium de la médiathèque Charles de la Morandière, rue Clément Desmaisons, à Granville. Gratuit. Tél. 02 33 50 34 09 ; mediatheque@ville-granville.fr

Sylvère Denné et Sophie Ladame dédicaceront leur bande dessinée Bleu Amer samedi 15 juin, à 15h, à la médiathèque Charles de la Morandière. Les planches originales de l’oeuvre parue en 2018 aux éditions La Boîte à Bulles sont exposées jusqu’au 22 juin 2019 dans le hall du lieu. Rencontre avec les deux amis et collaborateurs Malouins.

Pourquoi avez-vous créé Bleu Amer ?

Sylvère Denné : « On a tout simplement eu envie de travailler ensemble. Nous sommes amis depuis une douzaine d’années. Sophie est une dessinatrice reconnue dans le domaine maritime… »

Sophie Ladame : « Et Sylvère a un parcours professionnel assez riche (négociateur immobilier, barman, libraire, scénographe d’exposition) ! C’est aussi un très grand amateur et lecteur de bandes dessinées. »

Pourquoi avez-vous placé le récit de Bleu Amer à Chausey ?

S.D. : « C’est un univers qu’on partage tous les deux de manière totalement différente. Sophie aime la mer. Le bateau de la bande dessinée est son ancien bateau. De mon côté, je suis très axé pêche à pied. Quand on a eu l’idée de cet univers, je suis parti quelques semaines, en hiver, à Chausey. C’était il y a 3-4 ans. J’ai vu toute la littérature qui existait sur Chausey et je suis tombé sur l’anecdote de l’avion américain qui a pris un tir. C’est à partir de cette anecdote qu’on a commencé à élaborer la fiction. On s’est dit que c’était intéressant de travailler sur des thèmes de fond qui nous touchent tous en tant qu’individus : la loyauté, la trahison… »

S.L. : « On s’est demandé ce qu’on aurait fait nous à ce moment-là (durant la Seconde Guerre mondiale). On pense toujours qu’on aurait eu le bon rôle mais ce n’est vraiment pas sûr. Pour revenir au choix de Chausey, il faut aussi dire que c’est un bel endroit, fort, granitique, linéaire et graphiquement très intéressant. »

S.D. : « Le format de l’île nous permettait aussi de développer une histoire avec très peu de personnages. Cela enlevait des contraintes. »

S.L. : « Ce n’est pas du tout un portrait de l’archipel de Chausey tel qu’il était ou tel qu’il est. C’est un Chausey que l’on s’est approprié librement. »

L’île de Chausey de Bleu Amer est finalement fictive ?

S.L. : « Oui, carrément ! On s’est dit que ça allait être très compliqué de raconter l’archipel de Chausey tel qu’il est. On aurait pu nous reprocher de ne pas avoir mis certains personnages ou de ne pas les avoir bien représentés. »

S.D. : « On ne s’est même pas demandé si les Chausiais étaient amis ou non avec les Allemands à l’époque. »

Comment avez-vous travaillé ?

S.D. : « On ne travaille pas à quatre mains mais à deux cerveaux. Je viens voir Sophie avec des propositions de dialogues, de scènes, de découpages. Elle sait me dire quand ça ne fonctionne pas. Sophie, qui a une culture de l’image beaucoup plus importante que la mienne, a un regard différent du mien. On avance plus vite à deux car lorsqu’on valide tous les deux une étape, on passe à la suivante.

Pourquoi avez-vous choisi de dessiner sur du papier kraft ?

S.D. : « Sophie a beaucoup travaillé avec cette matière. Quand elle a débuté, gamine, elle n’avait pas beaucoup de moyens. Elle réutilisait donc les enveloppes. Le papier kraft colle également très bien avec Chausey, qui est une île minérale. Dès le début, on voulait que la couleur amène quelque chose. On ne voulait pas en mettre partout. Le kraft s’y prêtait donc vraiment bien.

S.L. : « On avait aussi envie de dessiner par le vide. »

Combien de temps représente la création de Bleu Amer ?

S.L. : « Ce n’est pas tellement calculable car, durant les trois ans qui se sont écoulés entre le début du travail et la sortie du livre, j’ai eu trois enfants. »

S.D. : « Et moi, j’ai été serveur, barman… Ce n’est pas un travail 24h/24. Il y a des semaines où on travaille six heures au total, d’autres où on travaille dix heures par jour. »

S.L. : « En travail effectif, je dirais six, huit mois. »

Aviez-vous déjà exposé vos planches originales à Granville ?

S.L. : « On avait exposé quelques planches à l’occasion des dernières Voiles de Travail avec la librairie Le Détour. »

Il y en avait moins qu’à la médiathèque ?

S.L. : « Oui, beaucoup moins ! L’exposition actuelle contient beaucoup de croquis réalisés par Sylvère Denné. Nous vous invitons à nous dire ce que vous en pensez ! »