Pêcheur granvillais. ©B.Croisy

Granville, cité portuaire. La pêche a conditionné, depuis des siècles, le développement socio-économique de la commune. Aujourd’hui, la filière arme une cinquantaine de bateaux, et embarque près de 250 marins. Pascal THEVENIN est l’un de ceux-là. Rencontre avec celui qui vit le port, depuis 35 ans.

Rendez-vous avec Pascal THEVENIN, dit « Criquet », sous la criée (du nom d’un célèbre groupe de musique local) sur cette cale le long de laquelle son bateau JOKER est amarré. Pas facile d’obtenir un entretien, tant l’emploi du temps de Criquet est tributaire des marées. Départ à l’aube, retour au gré des marées, au mieux 12 heures plus tard… Criquet est patron pêcheur de crustacés – tourteaux, araignées, homards… et bulots, l’hiver. Chaque matin, du lundi au vendredi, Pascal et son équipage – constitué de 3 matelots – met le cap sur le plateau des Minquiers, à deux heures de mer du port de Granville. Aujourd’hui, l’équipage est parti à 2h45 afin de pouvoir débarquer la pêche pour la vente de 16h, à la criée…  « C’est ce qui m’aura usé dans ce métier, c’est ce rythme que nous impose le port, dont les ouvertures de portes dépendent des marées. Difficile de concilier vie professionnelle et familiale avec de telles contraintes horaires ».

Quand on évoque le projet d’aménagement portuaire, Pascal ne cache pas son enthousiasme. « L’aménagement des ports permettrait de rentrer en morte-eau, soit la moitié de l’année, à toute heure. Notre vie serait réellement transformée. Ce serait au bénéfice de l’ensemble de la filière, avec une meilleure mise en marché de nos pêches. Lorsqu’on rate une vente à la criée parce qu’on ne peut pas rentrer dans le port, les mareyeurs partent s’approvisionner dans d’autres ports. Le projet du Conseil départemental tient la route. Il faut avancer. A tout point de vue, nous serons gagnants. »

Les voisins de cale de Pascal partagent son point de vue. « En terme de sécurité, il est important de pouvoir rentrer plus facilement dans le port. En cas de gros coup de vent, on risque d’être prisonnier à l’extérieur du port ». Pascal ajoute « J’espère que les jeunes pêcheurs pourront vivre et connaître le nouveau port. Sinon, il sera de plus en plus difficile de recruter des marins ».

Quand finalement on demande à ce pêcheur aguerri : « En fait, ça vient d’où ce surnom de Criquet ? », Pascal répond le sourire en coin : « Je suis le dernier d’une famille de pêcheurs de homards. Le criquet est le petit du homard, on m’a toujours appelé ainsi. Il paraît même que mon parc, étant bébé, ressemblait à un casier de homards… ».