Easy-care est une jeune start-up née de la volonté d’un chirurgien et d’un communiquant de repenser la relation du praticien à son patient, et notamment de permettre à ce dernier de se réapproprier son diagnostic. Rencontre avec Gilles CANDELIER, fondateur, et Virginie GRAFF, serial entrepreneur qui a rejoint l’équipe en octobre 2015.

 

Gilles CANDELIER, Easy-care. ©B.Croisy

Gilles CANDELIER, vous êtes chirurgien de la main, pour quelles raisons avoir créé Easy-care ?

L’évolution des technologies du numérique est en train de pénétrer le monde de la médecine et en bouleverse déjà certains usages. Cette rupture technologique est surtout un très fort outil de désintermédiation. En médecine et plus spécifiquement en chirurgie, cette désintermédiation va permettre au patient de se remettre au centre de sa santé. Il va devenir un acteur vrai, dépositaire de ses informations médicales. Il va aussi pouvoir participer de façon active aux décisions thérapeutiques par une meilleure connaissance des enjeux et ainsi participer directement à son suivi et à sa thérapeutique. L’enjeu pour Easy-care est de proposer les outils nécessaires à cette nouvelle définition de la relation entre les patients et les différents professionnels de santé qui sont nécessaires à sa prise en charge thérapeutique. On peut penser qu’à terme ce changement de modèle va contribuer au bien-être et à la santé des patients et permettre d’optimiser la dépense sociale.

Easy-care a pour objectif de promouvoir la médecine 3.0, quels outils développez-vous dans cette perspective ?

Nous avons et allons proposer des « outils » qui permettent aux patients d’interférer avec ses traitements. Le premier d’entre eux qui est maintenant disponible est le consentement dématérialisé. Il permet, par un cheminement informatif sur l’ensemble des enjeux d’une intervention chirurgicale, que le patient soit bien informé de ce qui lui est proposé et qu’ainsi il puisse choisir en connaissance de cause, et participer de façon plus active à son traitement. Pour le médecin, il peut s’assurer que son patient est bien informé et peut également évaluer la qualité de l’information qu’il délivre et ainsi améliorer sa communication.

Virginie GRAFF, Easy-care. ©B.Croisy

Virginie GRAFF, parlez-nous de votre parcours de « serial entrepreneur ».

Le terme « serial entrepreneur » est sûrement un peu présomptueux mais ce qui est sûr c’est que j’aime entreprendre. Après une formation d’expertise comptable, je me suis associée dans un cabinet granvillais. En 2016, j’ai quitté ce cabinet pour me consacrer à de nouveaux projets. J’ai rejoint Easy-care pour apporter un soutien administratif, financier et commercial et faciliter ainsi la mise en œuvre des brillantes idées de mon associé Gilles Candelier ! Parallèlement, nous avons créé avec mon associée Frédérique CAMPAIN, une société de conseil en protection sociale Protectia également basée à Granville. Nous accompagnons les chefs d’entreprises et salariés sur des problématiques de retraite, prévoyance et optimisation de rémunération.

J’ai également conservé une petite activité d’expertise comptable sur Paris. J’aime créer des synergies entre ces différents projets et les lieux géographiques.

Vous développez un partenariat avec la Manche Open School (MOS, basée à Granville), qui forme les développeurs open source. Quelles actions illustrent ce partenariat ?

Nous avons fait développer la première application d’Easy-care par la société Factor FX. C’est donc tout naturellement que nous avons accueilli deux stagiaires l’an passé. L’un d’eux est à ce jour salarié d’Easy-care et travaille sur le développement de pokes[1] de nouvelles applications. Nous sommes installés dans les locaux de Granville Digital, incubateur pour les start-up dans le domaine du numérique. Nous avons également un projet commun en cours de réalisation avec la société Factor FX et avons embauché un élève de la MOS. Manche Open School est une formidable opportunité pour ses élèves et pour notre pays granvillais !

[1] NDLR : un poke est un moyen destiné à attirer l’attention de l’utilisateur.

Gilles CANDELIER, Easy-care. ©B.Croisy

Quelle est votre relation à Granville ?

Gilles :

Après des études de médecine à Paris et un parcours qui me destinait à devenir hospitalo-universitaire à l’hôpital Pompidou, nous avons fait le choix, mon épouse et moi, de venir installer notre jeune famille à Granville. Le choix de partir fut très simple. Fuir la vie parisienne, sa pollution, son manque d’espace, ses embouteillages. Le choix de Granville s’est très rapidement révélé comme la parfaite synthèse de nos attentes. Pour mon épouse, un pays de tradition équine et pour moi, une ouverture sur la mer et la voile. Le choix fut d’autant plus aisé que notre avenir professionnel respectif était assuré. L’attrait de l’hôpital de Granville était grand. Service dynamique, personnel compétent et dévoué, travail en coordination avec le centre de rééducation le Normandy qui est un des plus réputés en France. Je trouvais là alors de quoi satisfaire mes exigences professionnelles. Très vite nos amis parisiens découvraient les bonheurs de la ligne Paris-Granville et enviaient nos choix. Depuis, notre attachement à Granville ne s’est jamais démenti. Et même si nos évolutions professionnelles ont nécessité de s’éloigner quelque peu – Saint Grégoire, puis Caen – j’ai toujours gardé une partie de mon activité dans le Sud Manche (polyclinique de la Baie Avranches). Alors que nous posions les premiers jalons d’Easy-care, participer au développement économique de notre pays granvillais semblait essentiel. Easy-care ne pouvait être implantée ailleurs qu’à Granville. La nécessité d’une professionnalisation du développement informatique nous a fait découvrir de grandes compétences locales en la matière (Factor FX), la possibilité de coopérer avec Manche Open school et un accompagnement décisif par la CCI et le tissus entrepreneurial local.

Virginie GRAFF, Easy-care. ©B.Croisy

Virginie :

Pour ma part Granville est une longue histoire, puisque mes arrières grands-parents les Beust[1] y étaient armateurs à la fin du siècle dernier.
J’ai passé toutes mes vacances à Saint-Pair puis ai rencontré mon mari qui avait repris avec ses frères l’exploitation de l’ancien casino de Jullouville, la Promenade. Nous avons donc naturellement décidé de vivre à Granville. La qualité de vie de Granville est un formidable atout et entreprendre en pays granvillais est une opportunité pour nos start-up, car nous sommes soutenus et bien entourés par les acteurs locaux.

[1] NDLR : Joseph BEUST a fait construire la villa « Les Rhumbs », dont la famille Dior a fait l’acquisition en 1906, et dans laquelle Christian Dior a passé toute son enfance.