La rencontre entre le cinéma Le Sélect de Granville et sa co-gérante Myriam DJEBOUR, résonne comme un coup de foudre, un scénario des temps modernes entre les films, une femme qui fait son cinéma et un homme fou de cinéma.

Le rachat du Sélect a amorcé une nouvelle dynamique pour le cinéma de Granville avec la programmation de films indépendants d’art et d’essai, et le développement de projet culturel inédit comme la création du Festival Les Femmes font leur cinéma, 1er festival du Sélect.

Quels est votre parcours ?

Après des études en Histoire-Géographie, et une école de librairie à Paris, je suis devenue libraire à Paris (dans le Ve); puis le cours de la vie m’a conduite au métier de bibliothécaire-documentaliste à Orléans. Aujourd’hui, je travaille au cinéma les Carmes, cinéma indépendant d’art et d’essai, à Orléans.

Cela fait maintenant onze ans que j’évolue au sein des équipes du cinéma Les Carmes. A présent, je suis responsable de l’action culturelle; je développe le secteur de la médiation en direction des scolaires, et coordonne l’organisation d’événements comme des avant-premières, des débats, des rétrospectives…

Grâce à une rencontre qui a changé ma vie, je suis, en plus de mon activité sur Orléans, co-gérante du cinéma de Granville avec mon compagnon Michel FERRY, également gérant du cinéma Les Carmes à Orléans ! Depuis trois ans, nous partageons notre temps entre ces deux villes.

Quelle est votre rapport au cinéma ?

Ma vision du cinéma est fondée sur un moment de partage autour de ce loisir populaire. Aller au cinéma doit être une source d’échanges entre les personnes, un moyen de s’évader et de s’interroger à travers les sujets traités par un long-métrage ou même un film d’animation. C’est aussi et surtout, une belle façon de se divertir

Le cinéma est un moyen de rendre la culture accessible à tous, sans distinction physique ou sociale.

UN NOUVEL AVENIR POUR LE SELECT DE GRANVILLE

Aujourd’hui, le Sélect appartient à deux sociétés, que sont le cinéma les Carmes et le distributeur de films Jour2Fête.

Comment est né le rachat du cinéma de Granville ?

Lors du festival de Cannes 2014, Agathe FOURCIN, coordinatrice de l’association Macao 7ème art implantée en Normandie, nous a informé de la vente du cinéma de Granville. Michel connaissait naturellement bien Granville car sa famille en est originaire. Par ailleurs, enfant, il a passé toutes ses vacances à Carolles, qui demeure un lieu important pour sa famille.

L’idée d’en devenir exploitant et de revenir à Granville, s’est imposée comme une évidence. Je me suis donc lancée dans l’aventure avec lui.

Trois ans se sont écoulés entre l’idée du rachat et sa concrétisation. Grâce à Sarah Chazelle de Jour2fêtes, nous sommes entrés en contact avec l’ancien propriétaire du Sélect, M. CADOT.

Actuellement nous comptons 4,5 temps pleins dont les missions sont diversifiées : accueil du public, gestion l’administrative et la « cabine », surnom donné au projectionniste !

Comment travaillez-vous ?

La programmation d’un film sur la toile suit plusieurs étapes, mais nous essayons d’avoir une programmation diversifiée, afin de plaire à tous les goûts. Nous proposons des films familiaux, des comédies populaires, de la VF et de la VO (avec sous-titre en français), des films Art & Essais, de l’opéra, du théâtre, des concerts… avec l’envie de s’amuser !

 

ETAPE 1 : LA PROGRAMMATION

La programmation est effectuée par Michel FERRY qui sélectionne les films. En tant qu’exploitant, nous demandons l’autorisation aux distributeurs de projeter leur film. C’est une négociation, on discute « nombre de séances, durée d’exploitation… » parfois la négociation porte sur la sortie du film à Granville qui est une petite ville pour certaines sorties de films. C’est pourquoi parfois les films arrivent 2 ou 3 semaines après la sortie nationale.

Notre sélection est issue de film que nous avons vu, de nos coups de cœur, mais aussi de films qui s’imposent par eux mêmes, des films incontournables, des films attendus par le public. On écoute aussi les envies des spectateurs.

Sur certaines sorties de films, nous travaillons en collaboration avec le cinéma d’Avranches dans le partage des copies de film et la division des semaines de diffusion. L’objectif étant de ne pas se concurrencer, mais de se compléter afin de mieux répondre aux attentes du public.

ETAPE 2 : LA RÉCEPTION DES FILMS

Depuis 2013 au Sélect, la projection se fait désormais en utilisant des DCP, plus de bobines 35 millimètres ! C’est notre prédécesseur, Gérard Cadot, qui a installé les projecteurs numériques au Sélect et cela a été un gros travail. Pour tous les cinémas de France, ce passage de la bobine au numérique a été assez éprouvant et vraiment révolutionnaire. On ne le dit pas assez, mais l’arrivée du numérique a marqué un changement d’époque dans l’exploitation.

Les films arrivent sur un disque dur ou de façon dématérialisé. Ensuite, ils sont téléchargés sur nos serveurs. Ce sont des fichiers cryptés. Afin de lire les fichiers films, nous recevons une clef de lecture (KDM) du distributeur, cette clés dévérouille le fichier afin qu’il puisse être projeté au public.

ETAPE 3 : LA COMMUNICATION

Depuis le rachat, nous avons développé une communication de proximité auprès du public. Nous avons mis en place un site internet complet, une newsletter pour nos abonnés, et élargi la diffusion de notre programme papier. Il reste encore beaucoup à faire.

Quels sont vos projets pour le Sélect ?

Au Sélect, nous développons et diversifions la proposition sur grand écran en direction de différents publics :

  • Le jeune public : proposition de films d’animation pour les touts-petits, dès 3 ans.
  • Les cinéphiles amoureux de musique : programmation de programme de type opéras, ballets, théâtres et expositions sur grand écran…
  • Les associations granvillaises : accompagnement des associations dans le développement de leur projet. Par exemple, nous collaborons avec L’œil Ouvert, Amnesty International, l’ACAT… dans le cadre de projections thématiques suivies de débats.

Je suis très attachée au monde associatif et j’ai beaucoup de respect pour leur travail qui portent un message, et qui sur le territoire font un travail nécessaire et incontournable.

Enfin, nous développons des rendez-vous hebdomadaires avec le public, comme le rendez-vous art et essai (rendez-vous des cinéphiles modernes) tous les lundis, les séances débats une fois par mois, et le jeudi du documentaire…

EN ROUTE VERS UN FESTIVAL

L’envie de fonder un festival à Granville était présente depuis quelques temps. C’est en mars 2019, que Myriam DJEBOUR et Michel FERRY ont décidé d’organiser leur 1er festival qui débute demain : Les Femmes Font Leur Cinéma.

Myriam, parlez-nous du festival ?

Le festival Les Femmes Font Leur Cinéma, qui se tient du 22 au 30 juin 2019 propose une sélection de longs-métrages, fictions, biopics, ayant pour thématique la question du droit des femmes.

Mme DENIAU, Adjointe au Maire de Granville, en charge de la Culture et des Droits des femmes a tout de suite aimé le concept du festival, sensible au sujet traité. Elle a très vite proposé qu’on se rencontre avec plusieurs personnes dont Mme DESMARS , Adjointe au Maire de Granville, en charge des affaires sociales. Durant ces rencontres nous avons évoqué pleinement le projet, les films et le nom du festival. L’engouement pour la Ville nous a encouragé dans ce projet ! Cette dernière nous soutient pleinement.

Le thème s’est imposé, il résonne en moi personnellement. Nous souhaitions à travers ce festival célébrer autant les femmes cinéastes que les histoires de femmes racontées par des hommes. Ecouter les histoires que nous raconte les films, dans un contexte où les femmes sont toujours plus vulnérables, attaquées, et où leur droit à disposer d’elles-mêmes leur est chaque jour plus contesté.

Dans le cadre de la Fête des Familles, qui se tiendra au Val-ès-Fleurs le 30 juin, le festival collabore avec le Centre Social l’Agora en programmant le dessin animé, Le Vent dans les roseaux de Arnaud Demuynck et Nicolas Liguori.

Un film à nous conseiller ?

Tous ! Le festival s’ouvre avec l’avant-première du film Papicha de Mounia Meddour, qui sera présente pour l’occasion. Après sa projection à Cannes en mai dernier, le film ne sortira en salle qu’en octobre. C’est donc une belle opportunité pour le public granvillais de visionner Papicha. Le film est distribué par Jour2Fête, et c’était très chouette d’associer nos amis et amies actionnaires du Sélect de cette façon.

PROGRAMME DU FESTIVAL